Politique

Ce ghaligate qui emporte tout sur son passage en Espagne

via Hespress

Décidément “l’oued“ ghaligate n’a de cesse de faire des remous en Espagne. Dernier à être « emporté par sa crue », le ministère de l’Intérieur est pointé justement du doigt pour avoir participé à l’opération clandestine déployée par le gouvernement pour faire entrer délibérément en Espagne l’intrus séparatiste, le 18 avril dernier. Tout cela a suscité une crise sans précédent entre l’Espagne et le Maroc et n’a de cesse de rebondir huit mois après à chacune des auditions.

Il est sûr qu’elle va laisser des séquelles que l’exécutif, voire le politique en Espagne, aurait pu éviter. Toujours est-il qu’entre bégaiements et accusations directes, il vient d’être officiellement confirmé en justice par le commissaire général au renseignement de police, Eugenio Pereiro. Le ministère de l’Intérieur, chapeauté par Fernando Grande-Marlska, est bel et bien impliqué dans cet imbroglio politique. Sa déclaration implique pleinement la direction de la police qui est sous les ordres du ministre de l’Intérieur, en contredisant la version que la directrice de cabinet du ministre Susana Crisostomo a donnée au juge il y a quelques semaines, quand elle a déclaré que les services du ministère de l’Intérieur ne savaient pas que Ghali était en Espagne et qu’ils ne l’ont appris que quand cela a été rapporté par les médias, quelques jours plus tard.

Le commissaire Pereiro, en témoignant ce lundi devant le juge de Saragosse Rafael Lasala, a confirmé avoir été mis au courant par un informateur, tout en se protégeant derrière la loi sur les secrets officiels protégeant celui professionnel des agents qui les dispensent de dévoiler l’identité de leurs informateurs. Il a précisé n’avoir corroboré l’information que quatre jours plus tard, lorsqu’elle est parue dans la presse et l’avoir transférée aussitôt à qui de droit en haut lieu, au directeur adjoint des opérations (DAO) de la police, José Angel Gonzalez Jimenez. À cette époque, Ghali était recherché par la justice espagnole, qui, des semaines auparavant, avait demandé à la police de le localiser. Le séparatiste avait plusieurs dossiers ouverts devant la Haute Cour nationale d’Espagne pour crimes de terrorisme, torture et génocide, entre autres.

Le gouvernement avait décidé de l’introduire en Espagne via la base aérienne de Saragosse, en impliquant l’armée de l’air pour ne pas le soumettre aux contrôles obligatoires des passeports et l’identifier ni enregistrer son entrée en Espagne. Ghali a été mis dans une ambulance qui l’a conduit à l’hôpital public de Logroño, où il a été admis sous une fausse identité, Mohamed Benbatouche en l’occurrence,  selon un passeport fait en Algérie le jour même de son arrivée en Espagne. L’ambulance et les soins de santé fournis à Ghali ont été payés par la Santé publique du gouvernement de La Rioja, présidée par la socialiste Concha Andreu. Pour sa sortie Ghali est rentré en Algérie, le 1er juin, dans un avion présidentiel algérien au départ de l’aéroport de Noain (Navarre) et il n’a pas non plus été soumis au contrôle des passeports.

Du coup, ce sont trois ministères celui de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur à être impliqués dans ce scandale qui éclabousse également ou compromet le président Pedro Sanchez et que donc l’exécutif espagnol n’a de cesse de vouloir étouffer pour ne pas dire noyer le poisson. Et le gouvernement espagnol de tenter, en désespoir de cause, la carte du secret défense. En effet, il y a quelques jours de cela, il a adressé un courrier au juge du tribunal d’Instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, chargé de l’affaire de l’entrée clandestine en Espagne de Brahim Ghali, pour lui signifier d’arrêter à ce stade l’enquête en brandissant une loi sur les secrets officiels de l’État datant de l’ère José Luis Rodriguez Zapatero. Elle n’a plus lieu d’être plus d’une décennie après en invoquant, que l’affaire entrait dans le cadre des «actions diplomatiques» et donc, elle est classée secret-défense ». C’est un peu mettre la charrue avant les bœufs, car rien n’est acquis pour Sanchez & co.

Ce sont d’ailleurs les arguments qu’avait avancés l’ancienne ministre des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya quand elle a été entendue par le juge Rafael Lasala. In fine, il avait retenu contre elle, ainsi que son directeur de cabinet, Camilo Villarino, « prévarication », « dissimulation » et « falsification de documents ». L’accusation par le biais de l’avocat Antonio Urdiales a déjà avancé que, compte tenu de ce qui a été révélé par le commissaire général à l’information, elle va demander à ce que le juge de ce ghaligate, qui n’en finit pas, à ce que soit convoqué le DAO, Jimenez, pour témoigner. Et ils vont aussi demander que le préfet de police qui dirigeait le système de contrôle et de surveillance de Ghali soit identifié et appelé à témoigner. Voilà donc pour une affaire des plus scandaleuses en Espagne et qui n’en finit pas de mettre dans l’embarras et l’exécutif et la Justice espagnols qui d’accointances pour le moins avérées, sont en train de souiller une renommée de “justice clean“ que l’on prêtait à l’Espagne et qui jusqu’à récemment était encore donnée en exemple en Europe et ailleurs.

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