Politique

100 jours du gouvernement / La rupture avec les schémas classiques de gouvernance se fait toujours attendre

Via Lematin.ma

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, accompagné de S.A.R. le Prince Héritier Moulay El Hassan et de S.A.R. le Prince Moulay Rachid, a présidé, le 7 octobre 2021 au Palais Royal à Fès, la cérémonie de nomination des membres du nouveau gouvernement. Près de cent jours après, un premier bilan de l’action de l’Exécutif s’impose, d’autant plus que ce dernier était très attendu sur nombre de dossiers stratégiques et urgents : réforme du système éducatif, protection sociale, lutte contre le chômage… De même, les électeurs qui ont voté pour les trois partis composant la majorité gouvernementale sont à l’affût de décisions et mesures concrètes de nature à améliorer leur quotidien et à atténuer les conséquences fâcheuses d’une pandémie qui n’a que trop duré et qui a lourdement impacté leur vie aussi bien sur le plan économique et social que psychologique.

Qu’est-ce qui a été fait durant ces cent premiers jours ? Le gouvernement a-t-il marqué une rupture avec son prédécesseur ? Quels sont les défis qu’il doit relever pour le faire ? Des éléments de réponse dans ce tour d’horizon. Le gouvernement Akhannouch est près de franchir ses cent jours aux commandes. Composé des trois premières formations politiques arrivées en tête des élections législatives du 8 septembre 2021 et disposant d’une majorité confortable dans les deux Chambres du Parlement, ce gouvernement jouit du cadre institutionnel et politique adéquat pour mener à bien ses projets sans coup férir. Nous sommes bien loin des prises de bec au Parlement qui ont marqué les mandats des gouvernements précédents ou des tractations complexes qui ont abouti à la formation d’équipes gouvernementales hétéroclites de 39 membres entre ministres et ministres délégués à l’époque de Benkirane. L’équipe gouvernementale actuelle, composée de 24 membres issus de trois partis, offre une meilleure cohésion et les grands oraux du Chef du gouvernement au Parlement se sont jusqu’à présent passés dans une atmosphère apaisée et consensuelle.

L’Exécutif actuel semble donc avoir les coudées franches pour agir et n’aura plus qu’à se consacrer à relever les défis qui se présentent : la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, la relance économique, la réforme du système éducatif, la réforme du système de santé, l’employabilité des jeunes, la justice spatiale entre territoires et régions, etc. Or force est de constater que cent jours après son installation, le gouvernement Akhannouch semble incapable de marquer une rupture avec le modèle de gouvernance de ses prédécesseurs, et se montre incapable de présenter des pistes de solution innovantes hors des schémas classiques. Le projet de loi de Finances pour 2022 ne se situe pas à la hauteur des chantiers et des engagements pris. Le taux de croissance de 3,2% prévu par l’Exécutif «est peu ambitieux et ne donne pas des signaux suffisamment positifs aux opérateurs économiques», selon l’avis de l’Alliance des économistes istiqlaliens, organisation parallèle du Parti de l’Istiqlal qui siège au gouvernement ! «L’annonce d’un taux ambitieux de croissance hors agriculture serait plus stimulante pour les opérateurs économiques devant s’inscrire dans une logique collective de relance», avait indiqué l’Alliance dans une lecture du PLF 2022.

Les économistes istiqlaliens ont également déploré l’insuffisance des mesures fiscales et budgétaires destinées aux secteurs fortement impactés par la crise due à la Covid-19. Mais à cette inconsistance, le politologue Mustapha Sehimi oppose une réponse. D’après lui, il faut laisser du temps à ce gouvernement. Motif ? Le PLF 2022 est un legs de l’ancien cabinet. Il faut attendre le prochain PLF pour juger de la capacité réelle de ce gouvernement à mettre en œuvre son programme et surtout honorer les engagements électoraux qu’il a donnés aux citoyens pour gagner leurs voix.
 

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