Politique

Flambée des carburants : les syndicats solidaires des transporteurs, mais contre toute atteinte au pouvoir d’achat

Via Lematin.ma

La flambée des prix des carburants fait planer la menace d’une hausse accrue et généralisée des prix, avec tout ce que cela suppose comme conséquences néfastes sur le pouvoir d’achat. Pour les syndicats, le gouvernement doit se montrer à la hauteur au moment des crises en trouvant des solutions qui préservent la paix sociale. «Son rôle est justement de faire preuve d’innovation et de trouver des solutions. Il ne doit pas se contenter de gérer les affaires courantes», estiment-ils. À cet égard, la Confédération démocratique du travail (CDT) se dit favorable à une solution pour les transporteurs, mais celle-ci ne doit pas se faire au détriment des citoyens. L’Organisation démocratique du travail (ODT), elle aussi, tout en se disant solidaire des transporteurs, estime que le gouvernement doit agir afin d’en finir avec le «chaos qui sévit».

La flambée des prix des carburants et les préparatifs des transporteurs pour répercuter la hausse sur les clients ne cessent de faire réagir le grand public. En annonçant une augmentation de 20% du tarif de transport des marchandises, avant de se rétracter moins de 24 heures après, l’Association marocaine du transport et logistique (AMTL) a soulevé des remous dans les sphères populaires. Les syndicats, qui sont dans l’attente de l’ouverture du dialogue social, et tout en exprimant leur solidarité avec les transporteurs qui risquent de se mettre à voyager à perte, appellent le gouvernement à intervenir pour protéger les citoyens contre une éventuelle répercussion de l’augmentation du frais de transport sur le coût de la vie. Pour les transporteurs, la situation devient inextricable devant la hausse du prix du gasoil qui vient de franchir le seuil des 11 dirhams. Menaçant initialement de débrayer, ils sont désormais en train d’accorder leurs violons pour faire part d’une mesure unifiée. Une mesure actuellement à l’étude sous le toit de la Fédération du transport et de la logistique (FTL), affiliée à la CGEM, qui est en train de se concerter avec le gouvernement pour faire une évaluation objective de l’impact réel de l’augmentation du prix du gasoil sur les transporteurs.

Cette évaluation servira-t-elle à déterminer avec précision le taux d’augmentation des tarifs de transport ? La réponse, à défaut d’un soutien direct du gouvernement aux transporteurs, est «oui».Le président de la FTL avait confié au «Matin» qu’il y aurait une augmentation comprise entre 13 et 15%, alors que d’autres sources au sein de la même Fédération parlent d’une augmentation de 11%. Cela signifie que la revalorisation sera appliquée et que, par conséquent, une incidence se fera sentir sur le coût général de la vie des Marocains. Une incidence que les syndicats redoutent, eux qui ne cessent de mettre en garde contre la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens. La Confédération démocratique du travail (CDT) est favorable à une solution pour les transporteurs, mais celle-ci ne doit pas se faire au détriment des citoyens. Son secrétaire général adjoint, Khalid Houir Alami, a déclaré au «Matin» que «la balle est dans le camp du gouvernement en ce moment. Il doit se mobiliser pour apporter une solution à cette situation et pour justifier son statut de gouvernement. Un Exécutif est là pour ça et non pas pour expédier les affaires courantes». Selon M. Houir Alami, «la situation que nous connaissons aujourd’hui est la conséquence de la libéralisation des prix des produits pétroliers. Libéralisation opérée à une époque où le baril coûtait 50 à 60 dollars.

Mais aujourd’hui, avec un prix du baril frôlant les 100 dollars, les retombées deviennent plus percutantes». Cette libéralisation fait le lit de l’arbitraire, estime le secrétaire général adjoint de la CDT, se demandant pourquoi le gouvernement n’a pas pensé, par exemple, à mettre en place des mécanismes de régulation, comme ce fut le cas pour les télécommunications. « Nous, à la CDT, avons déjà déposé une proposition de loi allant dans ce sens à la Chambre des conseillers», indique M. Houir Alami. Il a aussi affirmé que le CDT a constamment appelé à réactiver la raffinerie la Samir. «Le raffinage du pétrole au Maroc doit être relancé immédiatement. Les coûts actuels pourraient être amortis grâce à cette activité. Les grands négociants mettent en avant le fait qu’un pays demandeur possède une ou plusieurs raffineries et fait baisser les prix. Le Maroc a justement mis en place la Samir à cette fin», explique le syndicaliste.

Et d’ajouter que le recours à des mesures fiscales peut également contribuer à contrebalancer cette hausse des prix des carburants. «Le moment est venu de mettre en place une taxe variable conjuguant taxe intérieure de consommation (TIC) et taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui jouera à rebours du prix du baril de pétrole : quand celui-ci grimpe, la taxe diminue et inversement. Et on pourrait même annuler cette taxe en cas de forte hausse des prix». Du côté de l’Organisation démocratique du travail (ODT), et pour tempérer les hausses des prix des carburants, il faut agir sur deux fronts : le premier est de revoir les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, notamment en ce qui concerne les produits stratégiques, et le second est de réintégrer les carburants dans le panier des produits subventionnés.

Le secrétaire général de l’ODT, Ali Lotfi, tout en se disant solidaire des transporteurs dont les activités croupissent sous l’effet des hausses successives du prix du gasoil, interpelle directement le gouvernement pour qu’il réagisse afin d’en finir avec ce «chaos qui sévit». La hausse des prix des carburants affecte inévitablement le coût de la vie en l’absence de mécanismes de régulation, poursuit M. Lotfi, notant que la conjoncture actuelle, déjà marquée par la hausse des prix de certains produits, ne se prête pas à de nouvelles augmentations, ni d’ailleurs à un maintien des coûts actuels pour les citoyens.

UMT : il faut alléger les taxes sur les carburants

Invité de l’émission «l’Info en Face», le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, affirme ne pas comprendre pourquoi l’État ne prend pas jusqu’à présent des mesures pour amortir la hausse du prix des carburants. En réponse à une question sur les leviers que le gouvernement peut actionner pour espérer maîtriser l’inflation des prix des carburants, il a indiqué que la première mesure qui vient à l’esprit est que les carburants au Maroc sont surtaxés, surtout en cette période où les prix s’envolent, et qu’il convient donc de réduire les taxes sur ces produits. «C’est le seul levier qu’a le gouvernement maintenant à sa portée», a affirmé le SG de l’UMT. Et de poursuivre : «L’État doit sortir de sa logique macroéconomique.

Certes, les impôts rapportent beaucoup d’argent à l’État, mais il faut voir le revers de la médaille qu’est la cohésion sociale», a-t-il souligné. «Nous ne pouvons pas, sous prétexte que les taxes sur les carburants génèrent des recettes fiscales, laisser libre cours à cette anarchie économique», a-t-il dit, ajoutant que «l’État doit prendre ses responsabilités et réguler le marché des carburants, ne serait-ce que temporairement, le temps que le prix du pétrole se stabilise». Et de se dire très étonné de voir une association décréter une augmentation de 20% du tarif du transport qui sera répercutée sur tous les citoyens et à leur tête les «pauvres employés». Pour lui, «il s’agit d’une décision inacceptable de la part du mouvement syndical marocain». Bien que reconnaissant que les transporteurs subissent de plein fouet l’augmentation du prix du diesel, M. Moukharik a déclaré que cela ne justifie pas une telle décision. «Nous serons alors confrontés à une siba» (anarchie).
 

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