Politique

Les pionnières de l’immigration marocaine en Europe sont « invisibles » (CCME)

Via Lematin.ma

Commandée par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, une étude rendue publique vendredi dernier explore les multiples facettes du parcours des migrantes marocaines. L’étude, qui porte sur les trajectoires des migrantes, leurs itinéraires et modes d’insertion et les difficultés rencontrées, déplore une sorte d’«invisibilisation des pionnières de l’immigration marocaine en Europe».

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), qui vient de présenter les conclusions d’une étude qu’il qualifie d’«inédite», sur les «Migrantes marocaines : trajectoires, itinéraires et modes d’insertion». Élaborée par la sociologue et spécialiste des migrations, Fatima Aït Ben Lmadani, «cette publication est la première d’une série intitulée les Notes du Conseil, que nous avons voulues à la fois rigoureuses, puisque basées sur les travaux scientifiques les plus récents, et faciles d’accès, permettant en une quarantaine de pages environ de faire le point sur telle ou telle thématique», précise Driss El Yazami, président du CCME.

Et de préciser que «ce format permettra, nous l’espérons, des mises à jour régulières sur ces problématiques. Plusieurs autres études sont en cours de finalisation». Cette première étude restitue ainsi les étapes historiques des migrations, en mettant en exergue plusieurs points obscurs et phénomènes occultés comme l’émigration, dès les années 1960, de femmes seules ou non accompagnées. Dans ce sens, les enseignements tirés de cette étude ont été formulés sous forme de recommandations devant permettre d’attirer l’attention sur un point très important qui cherche à revaloriser le statut des migrantes de la première génération, qui a été très peu mise en avant. Il est ainsi appelé à «relire» ce que l’étude décrit comme une sorte d’«invisibilisation des pionnières de l’immigration marocaine en Europe». L’auteure de l’étude estime que leur trajectoire a été très peu mise en avant, et lorsqu’elle a été abordée, elle l’a été sous l’angle de la vieillesse ou du regroupement familial, d’où la nécessité de valoriser le patrimoine culturel et mémoriel de ces migrantes. Car, estime-t-elle, cette catégorie «en tant que sujet agissant dans le projet migratoire et dans la trajectoire de leurs enfants est absente de la recherche académique et des politiques publiques du pays d’installation ou du pays d’origine.

Le patrimoine et l’héritage culturel dont elles sont dépositaires est minoré et peu mis en valeur». Sur un autre volet, l’étude invite les décideurs politiques concernés, «ici et ailleurs», à mieux protéger les travailleurs migrants. «Les femmes marocaines ont besoin dans certains cas d’être sensibilisées aux conditions de travail dans les nouveaux pays d’installation. Une mise en réseau de ces femmes peut également les aider à éviter certaines situations qui renforcent leur vulnérabilité», est-il souligné. Mettant en exergue la situation des migrantes saisonnières, l’étude focalise sur l’importance d’évaluer l’impact des migrations circulaires et d’aider ces migrantes à se réinsérer dans le tissu local une fois de retour dans la région d’origine.

Sur le plan de la recherche, l’étude considère que l’état de santé physique et psychique des migrantes en lien avec leurs conditions de travail ou au moment de la vieillesse est absent des recherches et des débats sur la question migratoire. «De plus, les nouvelles tendances migratoires de ces Marocaines dans de nouveaux pays d’Extrême-Orient ou d’Afrique n’ont pas encore été documentées. Les circulations transfrontalières ont fait l’objet de peu d’études et de recherche», point sur lequel les rédacteurs de l’étude attirent l’attention. Ainsi, dans ce sens, ils recommandent la mise sur pied de «recherches-actions» afin de documenter les nouvelles thématiques. L’accompagnement, par exemple, des femmes entrepreneures doit être mené dans le cadre d’une stratégie globale concomitante à une ouverture économique à l’international, basée sur l’expansion des métiers de services, est-il proposé. Des perspectives à explorer sont ainsi conseillées.

En définitive, cette étude commandée par le CCME a atteint, semble-t-il, les objectifs attendus. En effet, elle a permis d’établir un état global des principales vagues migratoires féminines marocaines et d’en définir les caractéristiques en insistant sur leurs spécificités. Elle a également permis d’analyser les évolutions récentes et les dynamiques de ces migrations en mettant en lumière les difficultés et les discriminations auxquelles font face les femmes émigrées. Elle a également participé à attirer l’attention sur quelques points inexplorés dans le traitement de cette question du point de vue de la recherche académique et à proposer des mesures et des actions publiques possibles pour accompagner ces migrantes.
 

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