Politique

L’opposition met en garde contre la «mainmise gouvernementale» sur l’action législative

Via Lematin.ma

Pour les partis de l’opposition parlementaire, la propension du gouvernement à régenter l’action législative est porteuse de grands risques pour l’architecture constitutionnelle et pour l’équilibre entre les pouvoirs. Lors d’une conférence de presse tenue hier à Rabat, le PPS, le MP, l’USFP et le PJD ont mis en garde contre «cette dérive hégémonique» tout en se disant déterminés à jouer pleinement leur rôle de «garde-fou».

La situation à laquelle est confrontée l’action parlementaire est particulièrement préoccupante : la majorité actuelle tend à faire de l’institution législative une annexe du gouvernement, déplore l’opposition. Devant cet état de fait, les groupes et groupement de l’opposition à la Chambre des représentants entendent bien accorder leurs violons pour s’ériger en garde-fou contre toute «dérive hégémonique». Cette concertation et cet esprit de solidarité entre les groupes d’opposition s’inscrivent dans une démarche visant à contrer cette tendance hégémonique de la majorité, a indiqué le président du groupe socialiste, Abderrahim Chahid, dans son intervention à l’entame d’une conférence de presse organisée en marge de la clôture de la première session d’automne de la 11e législature (2021-2026).

«Une telle propension à l’hégémonie ne peut que déboucher sur des dérives et l’opposition, consciente de sa vocation constitutionnelle, est dans son droit en se plaçant en garde-fou pour éviter que cela ne se produise», a déclaré M. Chahid. Cette orientation s’est clairement manifestée, selon le président du groupe socialiste, lors de la discussion du projet de loi de Finances où le gouvernement a fait fi des amendements présentés par l’opposition et qui allaient pourtant dans le sens de son programme, brandissant le slogan de l’État social et elle est plus manifeste lors des sessions parlementaires, où l’opposition n’a jusqu’à présent eu droit qu’à 15% du temps, sous le prétexte de la proportionnalité.

Le président du groupe Haraki, Driss Sentissi, a de son côté lancé un appel au gouvernement pour qu’il communique et s’inscrive dans une démarche participative, faisant remarquer qu’en ce qui concerne la loi de Finances, par exemple, toutes les hypothèses qui ont été retenues pour son élaboration se sont révélées inexactes et qu’il convient par conséquent d’adopter un budget rectificatif. M. Sentissi a aussi critiqué la faiblesse de l’interaction du gouvernement avec les questions des députés, notamment celles émanant de l’opposition. «Seuls 16% des questions ont reçu une réponse, alors que la loi fixe un délai de 20 jours à l’Exécutif pour y répondre», a-t-il fait observer. Le président du groupe Haraki s’est également arrêté sur le programme Awrach qui est, selon lui, un programme d’aide sociale déguisée et ne peut en aucun cas s’inscrire dans une démarche sérieuse visant à assurer des emplois durables aux jeunes.

Il a également évoqué les 2 milliards destinés à soutenir le secteur du tourisme, en précisant qu’ils ne sont destinés qu’aux hôteliers et qu’un milliard va servir à payer les cotisations de la CNSS, tandis que 20% du milliard restant seront consacrés à la TVA, sans oublier les autres taxes et impôts. Ce qui signifie, de son point de vue, que le gouvernement ne tient pas véritablement à soutenir ce secteur. Pour sa part, et tout en rappelant que le PPS tient à son référentiel, le président du groupe du progrès et du socialisme, Rachid Hamouni, a affirmé que la concertation (portant sur les points de convergence) entre les groupes et groupement de l’opposition à la Chambre des représentants vise à contrebalancer la mainmise du gouvernement sur certains médias. Gouvernement qui, selon M. Hamouni, n’est pas un gouvernement politique, mais semble plutôt être une administration de hauts fonctionnaires, puisque 18 de ses membres sont des technocrates (dont 7 ont fait l’objet d’une coloration politique).

Et pour étayer ses propos, le président du groupe du progrès et du socialisme a souligné que ce gouvernement s’est montré incapable de trouver des recettes en dehors des schémas traditionnels, faisant savoir qu’il est allé puiser dans le budget alloué à la justice spatiale (qui était auparavant de 3 milliards de dirhams) pour n’y consacrer que 2 milliards dans la loi de Finances actuelle. Au nom du groupement de justice et de développement, Abdellah Bouanou a expliqué quant à lui que la concertation entre l’opposition a pour but de déjouer les actions de nature à détruire l’action politique. M. Bouanou, qui s’est arrêté sur plusieurs points, a notamment tenu à faire savoir que l’interdiction de transmettre au public les travaux des commissions parlementaires atteste à quel point le gouvernement actuel redoute d’exposer son incompétence devant la population.

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