Politique

Marocains bloqués à l’étranger: le chef de la diplomatie s’explique au Parlement sur fond de surenchère politique

via Le360

Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, s’exprime ce jeudi devant les députés à la Chambre des représentants. Au menu l’épineuse situation de milliers de Marocains dans l’impossibilité de regagner leur pays. Nasser Bourita doit annoncer de nouvelles mesures.

La Commission parlementaire des Affaires étrangères, des MRE, de la défense et des affaires islamiques, relevant de la Chambre des représentants, doit se réunir ce jeudi 23 avril pour débattre de la situation des 18.000 Marocains actuellement bloqués à l’étranger, depuis la fermeture des frontières et l’instauration de l’état d’urgence sanitaire. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger, aura ainsi à s’exprimer à huis clos devant les membres de cette importante commission, présidée par Youssef Gharib, élu du PJD.

 

La situation des Marocains actuellement bloqués à l’étranger est à l’origine d’une très grande polémique. Le débat au sein de cette même commission, la semaine dernière, a été houleux, n’épargnant pas même Nezha El Ouafi, ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l’étranger, d’attaque acerbes de députés appartenant pourtant au même parti qu’elle, le PJD. Le plus virulent d’entre eux, Khalid Boukarii, député du PJD de la région d’El Hajeb, et connu pour être un proche d’Abdelilah Benkirane, est allé jusqu’à déclarer, à très haute voix, en présence de cette ministre pourtant du même bord, que si on l’y avait autorisé, il aurait rapatrié l’ensemble des Marocains actuellement bloqués en un clin d’œil.

 

Populisme et récupération politique

Heureusement que tous les députés ne sont pas de l’avis de Khalid Boukarii. Omar Balafrej, député de Fédération de la gauche démocratique (FGD), a assuré que la conjoncture ne permettait pas aux pouvoirs publics de rapatrier ces Marocains bloqués. «Il ne faut pas se tromper, je ne pense pas qu’il y aurait un rapatriement», a-t-il déclaré, tout en dénonçant ces voix qui s’élèvent, qu’il a qualifiées de «populistes», qui exigent une évacuation sans conditions.

 

Interrogé par Le360, une source au ministère des Affaires étrangères a expliqué que «le droit de tout Marocain à regagner son pays est garanti par le chef de l’Etat et n’a pas besoin de surenchère politique».

 

Cette source ajoute que le ministre des Affaires étrangères a pris toutes les dispositions pour un rapatriement progressif des Marocains bloqués à l’étranger, mais la décision ne revient pas à ce département. C’est une approche globale, où prime la prévention, instaurée depuis le début de la crise par le Maroc, pour freiner la propagation du virus.

 

Ce sont les pouvoirs publics, en charge de la gestion de la crise sanitaire, qui doivent prendre une décision qui tient compte à la fois de la nécessité de protéger les ressortissants marocains bloqués à l’étranger contre une contamination, ainsi que les membres de leur famille.

 

Est-ce que le système sanitaire au Maroc est en capacité d’accueillir les Marocains bloqués à l’étranger? A ce sujet, il convient de préciser que les 18.000 Marocains qui se trouvaient en voyage temporaire ne sont pas les seuls à vouloir rentrer à la maison. Il y a aussi les étudiants qui veulent revenir au pays. Rien qu’en France, on recense 38.000 étudiants marocains. Si l’on ajoute les autres pays, on atteint plus de 70.000 Marocains qui poursuivent leurs études à l’étranger.

 

Aujourd’hui, 2.000 tests quotidiens de détection du Covid-19 sont effectués au Maroc, et il s’agit là d’un seuil maximal. Le Maroc sera-t-il en mesure d’orienter un pourcentage important de sa capacité de tests aux Marocains qui veulent regagner le pays?

 

Dans l’état actuel de la situation, c’est peu probable. Mais en fonction de l’évolution de l’épidémie, la situation peut rapidement changer et conduire les autorités publiques à permettre au ministre des Affaires étrangères d’initier «une évacuation par étapes qui concernera d’abord les personnes âgées, les familles avec des enfants et les personnes en situation vulnérable», précise notre source du ministère.

 

Des mesures seront annoncées par Nasser Bourita

Aujourd’hui, le ministère des Affaires étrangères prend en charge 3.000 Marocains bloqués à l’étranger. Cette prise en charge, qui cible les ressortissants en situation vulnérable, concerne l’hébergement dans des hôtels ou appartements, la nourriture, les médicaments et le suivi psychologique. Cette prise en charge de Marocains en situation précaire sera portée à 4.500 personnes, précise notre source. Un numéro vert sera mis en place dans tous les pays où l’on recense des Marocains dans l’incapacité de regagner leur pays. Ce numéro vert sera géré par un centre d’appel avec l’obligation de répondre à toutes les personnes qui le composent.

 

Rappelons qu’un ensemble de mesures ont déjà été prises par le ministre des Affaires étrangères pour aider nos concitoyens, actuellement dans l’impossibilité de rentrer chez eux.  Leurs visas de séjour ont pu être prorogés grâce à l’action des services des Affaires étrangères. A la demande de ceux qui en ont les moyens, leur dotation touristique annuelle a été déplafonnée par l’Office des Changes.

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