Politique

Pour contribuer au règlement définitif du dossier du Sahara, la Mauritanie compte retirer sa reconnaissance au Polisario

via Le360

Le président mauritanien, Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, étudierait sérieusement le retrait de la reconnaissance de son pays au Polisario. Une décision justifiée par la nécessité de s’aligner sur la position de l’ONU, qui prône une solution politique, sans jamais avoir reconnu la «RASD».

Selon le site mauritanien d’informations anbaa.info, le gouvernement mauritanien est sur le point d’annoncer officiellement le retrait de sa reconnaissance au Polisario. Ce qui est certain, c’est que le président mauritanien aurait fait de cette question un objectif à atteindre au cours de son premier mandat.

 

Une source bien informée, citée par le site arabophone mauritanien, assure que cette «décision historique sera basée, dans ses attendus, sur le fait que l’ONU ne reconnait pas le Polisario, mais aussi en prenant en compte les dernières résolutions du Conseil de sécurité qui reposent, en vue d’aboutir à une solution politique au Sahara, sur trois fondamentaux: réalisme, consensus et bonne foi». 

Il faut rappeler que la reconnaissance en février 1984 de la «RASD» par l’ancien colonel-chef d’Etat mauritanien, Mohamed Khouna ould Haidalla, fut la décision la plus impopulaire jamais prise dans ce pays. Bien que connue pour être adepte du juste milieu en matière de relations diplomatiques, la Mauritanie s’est retrouvée ainsi entravée par un boulet, dont elle a toujours échoué à s’en débarrasser, malgré les multiples tentatives de revenir sur cette décision sous-tendue par le tribalisme et une poignée de pétrodollars algériens. Ould Haidalla appartient en effet aux Rguibat, une tribu qui a imposé son hégémonie au sein du Polisario. Ce natif du Sahara marocain (né à Aousserd) est un putschiste, auquel l’Algérie avait conseillé de ne pas se soumettre aux institutions de Bretton Woods et à leur Plan d’ajustement structurel (PAS) des années 80, moyennant des promesses d’aides financières de la part d’Alger.

Si l’autre colonel Maâwiya ould Sid’Ahmed Taya a renversé la même année (décembre 1984) Ould Haidalla, il s’est retrouvé nez à nez avec le régime algérien qui lui signifia que la décision de la reconnaissance de la RASD est un engagement de la Mauritanie vis-à-vis de l’Algérie, chez laquelle elle s’est financièrement endettée.

 

Pour ménager ses menaçants voisins algériens, Ould Taya avait sursis au retrait de la reconnaissance de la RASD, mais avait décidé de fermer leur éphémère ambassade à Nouakchott, au prétexte d’un manque de réciprocité, car la Mauritanie ne peut ouvrir deux ambassades dans un même pays, à savoir l’Algérie.

Avec l’arrivée au pouvoir du général Mohamed Ould Abdelaziz (2008-2019), le seul chef d’Etat mauritanien qui fit de la corruption un système de gouvernance, le Polisario lui servit de fonds de commerce pour extorquer de l’argent aux Algériens. Mais l’ouverture des frontières de la Mauritanie aux Sahraouis de Tindouf qui déferlèrent sur le nord de la Mauritanie, pour servir de réservoir électoral à Ould Abdelaziz, se transforma en un véritable danger sécuritaire, que le chef d’état-major de l’époque, El Ghazouani, aujopurd’hui président du pays, avait vite fait de dénoncer. Joignant l’acte à la parole, il avait fini par exiger la fermeture pure et simple des frontières avec l’Algérie et avait décrété, en juillet 2017, tout le nord de la Mauritanie «zone militaire interdite».

 

D’ailleurs, en 2019, Ould Abdelaziz a fini par tourner casaque et reconnaître, lors d’une interview avec le journaliste palestinien établi à Londres Abdel Bari Atwane, que personne ne voulait d’un Etat entre le Maroc et la Mauritanie. Pour un chef d’Etat dont le pays est associé par l’ONU aux consultations sur le dossier du Sahara, cet aveu sonne comme une révélation. La même année, et alors qu’El Ghazouani était encore en campagne électorale pour la présidentielle, il a été pris à partie par le Polisario, pour avoir dénoncé la présence de ce dernier en Mauritanie.

 

Pas plus tard que le 6 janvier dernier, et face aux menaces du Polisario de mener la guerre jusqu’en Mauritanie, suite à la sécurisation définitive du passage d’El Guerguerat par l’armée marocaine deux mois plus tôt, El Ghazouani a, de nouveau, décidé d’instauré une «Zone de défense sensible» visant à empêcher toute incursion militaire du Polisario sur le territoire mauritanien à partir des zones tampons du Sahara.

 

Par cette mesure, accompagnée d’un important déploiement des unités de l’armée mauritanienne dans le nord du pays, le message ainsi transmis au Polisario est clair: Nouakchott dispose désormais de moyens militaires suffisants qui lui permettent de défendre ses intérêts stratégiques dans la région. Une réponse qui s’adresse en premier lieu à Brahim Ghali, qui avait déclaré, en pleine crise d’El Guerguerat et sur incitation des Algériens, que la Mauritanie risque d’être entraînée dans le tourbillon d’une guerre que le Polisario prétend pouvoir déclencher à tout moment.

Par ailleurs, la Mauritanie a aussi fini par comprendre que neutralité dans le conflit du Sahara et reconnaissance de la RASD relèvent d’une position contradictoire au regard du droit international. Car on ne peut pas légitimer une chose et son contraire. De même, il est inconcevable d’avoir d’aussi intenses relations avec le Maroc à travers des frontières communes, terrestres, maritimes et aériennes, tout en continuant à reconnaître une entité qui n’existe pas. C’est en corrigeant ces erreurs que la Mauritanie semble aujourd’hui décidée à profiter d’un momentum, aujourd’hui plus que jamais propice au retrait de la reconnaissance de la RASD.

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