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Trump gèle les green cards et de nombreux visas de travail jusqu’en 2021

Via Telquel

Confronté à la destruction brutale de millions d’emplois en raison des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19, le président républicain avait décidé il y a deux mois de suspendre pour 60 jours la délivrance des green cards offrant un statut de résident permanent aux États-Unis, sans toucher aux visas de travail temporaire.

Un nouveau décret signé lundi 22 juin prolongera cette “pause” jusqu’au 31 décembre et inclura cette fois plusieurs types de visas de travail, dont le H-1B très utilisé dans le secteur des hautes technologies et octroyé chaque année à 85.000 personnes, a annoncé un haut responsable.

Pas de green card avant 2021

Sont également concernés la plupart des visas J utilisés pour les étudiants-chercheurs, les visas L de transfert intercompagnies servant pour certains contrats expatriés, les H-2B accordés chaque année à quelque 66.000 travailleurs peu qualifiés (avec une exception pour l’industrie alimentaire) et les H-4 qui permettent aux épouses des détenteurs d’autres visas de travailler. Selon le responsable, cette “pause” devrait empêcher l’arrivée d’au moins 525.000 étrangers et réserver leurs emplois à des Américains : “La priorité du président, c’est de remettre les Américains au travail.

“L’immigration a immensément contribué au succès économique de l’Amérique pour en faire un leader mondial dans les technologies”

Sundar Pichai, patron de Google

Sundar Pichai, le patron de Google dont le groupe est l’un des grands bénéficiaires des visas H-1B, s’est déclaré “déçu” par cette annonce. “L’immigration a immensément contribué au succès économique de l’Amérique pour en faire un leader mondial dans les technologies”, a-t-il tweeté.

Le décret survient alors que Trump est aux prises avec deux grands de la Tech, Twitter et Snapchat, qui ont masqué ou signalé des messages du président, lequel a signé en mai un décret pour limiter la protection judiciaire des réseaux sociaux.

Une décision controversée

Pour sa part, le haut responsable a fait valoir que le décret répondait à la forte hausse du chômage (13,3 % de la population active en mai contre 3,5 % en février) liée à la pandémie. Il a souligné que le gel des visas H-1B était temporaire et que l’administration allait préparer une réforme pour qu’en 2021, ils soient attribués aux étrangers les plus qualifiés et non plus par loterie. “Cela éliminera la compétition pour les Américains aux postes de débutants et nous aidera à attirer les meilleurs, les plus doués”, selon lui.

“Ceux qui pensent que l’immigration légale nuit au travailleur américain ne comprennent pas l’économie américaine”

Lindsey Graham, sénateur républicain

Le responsable a ajouté que le gouvernement allait adopter de nouvelles réglementations qui rendront plus difficile l’accès légal à l’emploi pour des dizaines de milliers de demandeurs d’asile en attente d’une décision de justice. Avec des délais souvent de deux ans, l’administration a observé que beaucoup demandaient l’asile pour obtenir des permis de travail.

Ces annonces ont immédiatement suscité des réactions aux antipodes. Le sénateur républicain Ted Cruz, un proche du président, a salué un “acte important”. Fait inhabituel, le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham, d’ordinaire fervent soutien du président, s’est montré critique envers “un frein pour notre reprise économique”. “Ceux qui pensent que l’immigration légale, et particulièrement les visas de travail, nuit au travailleur américain ne comprennent pas l’économie américaine”, a-t-il tweeté. “Ce n’est ni une réponse à la pandémie ni une réponse économique”, a jugé Andrea Flores, de la puissante association de défense des droits civiques ACLU, dénonçant “une instrumentalisation de la pandémie (…) pour remodeler nos lois migratoires sans passer par le Congrès.

La dégradation du marché de l’emploi, la mort de 120.000 malades du Covid-19 et l’ampleur des manifestations antiracistes compliquent la campagne de Donald Trump, à la peine dans les sondages face à Joe Biden, son rival démocrate pour la présidentielle.

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